ARCHIVÉ -  Avis Public CRTC 84-138

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Avis public

Ottawa, le 11 juin 1984
Avis public CRTC 1984-138
APPEL D'OBSERVATIONS CONCERNANT LA PRESTATION D'UN SERVICE POUR LES JEUNES CANADIENS
Note: Aux fins du présent document, la "programmation pour les jeunes" désigne des émissions conçues particulièrement pour de jeunes auditoires et comprend des émissions pour les enfants âgés de 2 à 11 ans, ainsi que des émissions pour les adolescents de 12 à 17 ans. Ces deux groupes d'âge sont régulièrement mentionnés dans les sondages BBM.
Historique
A de nombreuses reprises au cours de la dernière décennie, le Conseil s'est dit préoccupé par les faibles niveaux qualitatif et quantitatif de la programmation pour les jeunes dans les horaires des stations de télévision canadiennes et a prié instamment les titulaires d'affecter considérablement plus de ressources financières et humaines à la création de telles émissions.
Bien que le Conseil ait également jugé sous-représentés à la télévision d'autres types d'émissions, la nécessité de corriger la déficience actuelle en émissions de grande qualité pour les jeunes arrive particulièrement à point.
Pendant la majeure partie des années 1960 jusque dans les années 1970, les émissions pour les jeunes auditoires ont constitué un élément relativement fort et dynamique du service dispensé par les réseaux de télévision canadiens. Toutefois, les mesures législatives visant à restreindre la quantité et la nature des annonces publicitaires dans les émissions pour enfants en vue d'éviter l'exploitation commerciale des enfants ainsi que les politiques élaborées par l'industrie de la télévision et entérinées par le Conseil en 1973, semblent avoir entraîné une réduction inattendue et non souhaitable du nombre de ces émissions présentées au cours des heures où les jeunes auditoires sont les plus nombreux.
Des innovations technologiques dans les domaines des satellites et du câble permettent maintenant la distribution, à la grandeur du pays, d'un éventail de services de programmation répondant aux intérêts de diverses parties de la population. Des services étrangers attrayants à l'intention des jeunes auditoires sont déjà offerts par satellite. Plusieurs parties ont insisté auprès du Conseil sur la nécessité d'offrir des services canadiens distincts à l'intention des jeunes Canadiens.
A l'audience publique tenue à Hull (Québec) le 24 janvier 1984, le Conseil a étudié divers aspects relatifs à l'introduction des services d'émissions spécialisées au Canada. Il avait à son ordre du jour une demande de M. Roger Price qui proposait d'offrir un service spécialisé s'adressant aux jeunes Canadiens. Toutefois, bien qu'à la demande du requérant, la proposition ait été ajournée en raison de ressources financières insuffisantes, M. Price a parlé avec éloquence de la nécessité pour le Conseil d'encourager la création et la distribution d'émissions pour la jeunesse canadienne.
TV Ontario, qui partage ces vues, a, dans sa présentation générale à l'audience, exprimé sa frustration devant les difficultés financières auxquelles elle a fait face au cours des dernières années au chapitre de la commercialisation de son service pour enfants Galaxie auprès des télédistributeurs canadiens. Ses propres études et expérience l'ont fermement convaincue que la distribution d'un service spécialisé pour la jeunesse canadienne, reposant sur le modèle discrétionnaire pour l'abonné prescrit par le Conseil, ne pourrait générer suffisamment de revenus pour rendre le service financièrement viable.
Dans un avis subséquent annonçant le cadre réglementaire pour l'introduction des services d'émissions spécialisées au Canada (avis public CRTC 1984-81 du 2 avril 1984), le Conseil a fait état des préoccupations de M. Price et de TV 0ntario au sujet de la disponibilité limitée des émissions pour enfants et de l'opportunité de créer un service canadien de qualité "qui soit pour les jeunes Canadiens le reflet de leur propre société et culture." Le Conseil a aussi annoncé son intention de publier sous peu un avis demandant des propositions aux fins de l'établissement d'un service d'émissions canadiennes de grande qualité "qui attireront et stimuleront des jeunes auditoires de la télévision par câble à travers le Canada."
Toutefois, avant de lancer un appel, le Conseil invite le public, par la présente, à se prononcer sur les diverses considérations de politique sous-tendant la création et la distribution d'un service de programmation pour les jeunes Canadiens.
Évaluation de la disponibilité d'une programmation pour les jeunes au Canada
Pour évaluer la nécessité d'un service national de programmation pour les jeunes, le Conseil a examiné les horaires des réseaux nationaux de télévision au Canada (les services de langue anglaise de Radio-Canada et de CTV et en français, ceux de Radio-Canada et de TVA) ainsi que ceux des quatre réseaux de télévision américains (ABC, NBC, CBS et le réseau non commercial PBS). La programmation de chacun de ces réseaux est actuellement offerte aux Canadiens en direct ou par câble.
Toutefois, cette évaluation ne comprend pas en général les émissions pour les jeunes que présentent les services éducatifs subventionnés par les autorités provinciales comme Radio-Québec, TV Ontario et Access Alberta ou par des stations affiliées à un réseau, des stations indépendantes et des titulaires de licences de télévision payante.
A. Les services canadiens
 a) En anglais
La grille horaire automne-hiver pour 1983-1984 du réseau anglais de la Société Radio-Canada (Radio-Canada) offre un éventail d'émissions pour jeunes totalisant environ 18 heures par semaine et diffusées tôt en matinée, en fin d'après-midi et en début de soirée. De ce nombre, 81/2 heures sont destinées aux préscolaires et sont présentées le matin en semaine et cinq heures pour les jeunes d'âge scolaire entre 16 h et 18 h la semaine. Le reste passe tôt en soirée et s'adresse essentiellement à toute la famille.
Le second service national de langue anglaise est assuré par le réseau de télévision CTV. D'après la grille horaire de ce réseau pour 1983-1984, celui-ci diffuse, au cours d'une semaine type, environ 51/2 heures d'émissions pour les jeunes auditoires, dont 21/2 heures d'émissions pour les pré-scolaires le matin en semaine, 11/2 heure d'émissions pour les jeunes auditoires dans un bloc le samedi matin et 11/2 heure en début de soirée avant 20 h. Toute cette programmation est canadienne.
 b ) En français
Près de la moitié des 24 heures par semaine d'émissions de Radio-Canada pour les jeunes auditoires est destinée aux enfants et est présentée en semaine le matin. Le réseau présente également six heures d'émissions le matin en fin de semaine, dont certaines sont des émissions originales et d'autres sont des dessins animés doublés, canadiens et étrangers.
Elle offre également cinq heures de programmation en fin d'après-midi avec un bloc semblable d'une heure le samedi. Après 18 h, seule une émission d'une demi-heure s'adressant précisément aux jeunes ou mettant en vedette des jeunes a été incluse dans la grille horaire de l'automne-hiver 1983-1984.
Le réseau TVA ne produit aucune émission à l'intention des jeunes auditoires, mais trois émissions de ce genre sont produites par CFTM-TV Montréal, station affiliée au réseau, et sont offertes aux autres membres du réseau. Il s'agit environ de 42 heures d'émissions par semaine, dont une émission de musique populaire d'une durée d'une heure.
B. Les services américains
Les trois services de réseau commerciaux (ABC, CBS, NBC) offrent, ensemble, environ 12 heures par semaine d'émissions pour les jeunes auditoires. Le service de réseau non commercial PBS en présente hebdomadairement près de 15 heures. Pour ce qui est des réseaux comme tels, du lundi au vendredi entre 6 h et 19 h, aucun des réseaux commerciaux n'offre des émissions pour enfants ou pour jeunes adultes. Les stations affiliées sont autorisées à présenter des émissions qu'elles jugent appropriées durant ces heures.
Le service de réseau est assuré dans le bloc du samedi matin, ABC présentant 31/2 heures d'émissions, CBS, 2 heures et NBC, 21/2 heures. La majorité de ces émissions sont des aventures en dessins animés et toutes sont diffusées avant midi. En soirée, la grille horaire d'ABC en janvier 1984 renferme une heure de programmation pendant la semaine pour les jeunes ou qui met en vedette de jeunes interprètes; CBS offre une demi-heure par semaine et NBC deux heures.
PBS présente quotidiennement deux émissions à l'intention des enfants d'âge préscolaire ou des toutes premières années de l'élémentaire. Il présente souvent plus d'un épisode de ces émissions chaque jour à différentes heures. L'une d'elles, Sesame Street, est produite en de nombreuses langues et est l'émission pour enfants la plus souscrite au monde.
C. Les courbes d'écoute des jeunes auditoires
 a) Périodes de grande écoute
Un examen des cotes BBM pour février/mars 1984 révèle qu'il y a un certain nombre de périodes d'écoute pendant lesquelles les enfants et les jeunes adultes regardent la télévision en nombre appréciable.
Pour les enfants âgés de 2 à 11 ans, la plus grande période de pointe est la période de quatre heures comprise entre 7 h 30 à 11 h 30, le samedi matin. En semaine, cette période se situe entre 15 h 30 et 17 h 30; l'écoute est encore importante entre 19 h et 20 h 30 et diminue sensiblement après 20 h 30.
Pour les adolescents âgés de 12 à 17 ans, il y a deux périodes de pointe en semaine: la première entre 16 h et 18 h et la seconde, entre 19 h 30 et 22 h. L'écoute le samedi matin est également très forte.
Il ressort de l'examen de ces deux groupes d'âge, compte tenu de la programmation disponible, qu'il y a un large auditoire de jeunes entre 15 h 30 et 18 h les après-midis de semaine et entre 19 h et 21 h chaque soir, y compris les fins de semaine. La plus importante période de pointe en terme de préférence de ces auditoires serait sans aucun doute celle qui se situe entre 15 h 30 et 18 h la semaine.
 b) Préférences en termes d'émissions
Le Conseil a effectué un examen rapide des cotes BBM de février/mars 1984 pour la région Ottawa-Hull où tous les services des réseaux canadiens sont offerts en direct, de même que deux services éducatifs subventionnés par les gouvernements provinciaux et un service indépendant, et aussi où les services américains sont offerts par câble à plus de 75 % de tous les foyers. En outre, la population de cette région se subdivise en foyers d'expression française et anglaise dans un rapport de 4 pour 6.
Dans le cas des émissions où les enfants âgés de 2 à 11 ans représentent plus de 60 % de l'auditoire total pour de telles émissions, on a constaté que les 15 émissions de langue anglaise qui attirent le plus large auditoire dans ce groupe sont des émissions s'adressant expressément aux enfants. Onze d'entre elles sont des dessins animés dont 7 sont diffusés les samedis matins et sont pour la plupart des productions étrangères. Un dessin animé étranger présenté l'après-midi en semaine constituait l'émission la plus populaire. Seulement 3 des émissions les plus plus regardées sont Canadiennes.
Dans le groupe d'âge de 2 à 11 ans, les 12 émissions de langue française les plus populaires de la catégorie décrite plus haut sont présentées par Radio-Canada et toutes étaient clairement classées comme des émissions pour enfants. Il a semblé y avoir une plus grande diversité de sources d'émissions pour la programmation de langue française, seulement deux des émissions les plus populaires provenant des États-Unis, étant des dessins animés, et le reste du Canada, de la France et de l'Allemagne. L'émission la plus écoutée était un dessin animé étranger de 30 minutes présenté le dimanche matin. Trois des émissions les plus regardées étaient présentées le samedi matin et 4 autres étaient des émissions diffusées en semaine après l'école entre 16 h et 17 h.
Les sondages BBM confirment que les jeunes entre 12 et 17 ans regardent un éventail beaucoup plus varié d'émissions que les enfants âgés de 2 à 11 ans, y compris des émissions qui peuvent être attrayantes et conçues pour les adultes. Aussi, le critère pour déterminer ce qui constituait une émission populaire pour ce groupe d'âge a-t-il été abaissé de 60 % à 18 % (deux fois la répartition démographique pour ce groupe d'âge).
D'après ces données, 13 des 14 émissions de langue anglaise les plus populaires étaient des productions américaines, y compris la plus regardée, une comédie de situation pour adultes diffusée en fin d'après-midi la semaine. Six des émissions les plus populaires étaient diffusées entre 16 h et 18 h; trois de celles-ci, dont une comédie de situation et un téléroman, ne traitaient que de thèmes adultes. Six autres émissions, toutes américaines, et toutes des comédies de situation sauf deux, ont attiré un auditoire important d'adolescents.
Le tableau est assez semblable en ce qui a trait aux émissions de langue française. Des cinq émissions les plus populaires (avec un auditoire composé de plus de 18 % de jeunes entre 12 et 17 ans), dont quatre provenaient des stations de TVA, trois étaient des comédies de situation américaines doublées. Deux d'entre elles s'adressaient aux adultes, y compris l'émission en tête de palmarès pour ce groupe d'âge. L'autre émission la plus regardée était une série comique canadienne présentée en milieu de soirée.
La prestation d'un service national canadien pour les jeunes
Comme dans le cas de presque tous les autres secteurs de la programmation, les frais de production ou d'achat d'émissions de qualité pour les jeunes auditoires sont élevés et il en est de même pour les coûts de distribution, spécialement à la grandeur du pays. Ainsi, la question du financement est le facteur le plus décisif pour ce qui est de la question de savoir si les Canadiens seront capables de produire et de dispenser un service d'émissions satisfaisant et de grande qualité pour les jeunes Canadiens.Il est peu probable qu'un service national viable puisse être mis sur pied avant que cette question soit résolue.
Dans le même ordre d'idées, le Conseil, les industries visées et le public doivent déterminer si la nécessité et les avantages pour la société canadienne de la mise sur pied d'un tel service national justifient une modification aux politiques du Conseil en ce qui concerne la distribution des services d'émissions spécialisées. Le Conseil souhaiterait recevoir des commentaires sur cette question.
Le Conseil invite aussi toutes les parties intéressées à présenter des observations quant au financement, à la distribution de la programmation et à la commercialisation d'un tel service national. Sans vouloir limiter la portée des commentaires, le Conseil désire notamment avoir des réponses aux questions suivantes:
1. Quel est le rôle que devraient exercer les radiodiffuseurs conventionnels aux fins de la prestation d'émissions convenables à leurs jeunes auditoires? Devrait-on maintenir cette responsabilité, nonobstant la mise sur pied d'un service national de programmation pour les jeunes ?
2. Quelles devraient être les exigences de programmation d'un tel service? Devrait-il avoir une composante éducative?
3. Quels groupes d'âge devrait-il desservir? Est-ce qu'un besoin plus grand se manifeste dans un groupe d'âge en particulier?
4. Quelles dispositions devrait-on prévoir pour satisfaire les besoins en matière de programmation dans chacune des langues officielles? Devrait-il n'y avoir qu'un seul service national bilingue pour les jeunes ou deux services distincts, en langue française et en langue anglaise? Dans le deuxième cas, le service en langue française devrait-il s'adresser à un auditoire national ou régional?
5. Quel devrait être le niveau minimum d'émissions canadiennes de ce service?
6. Le service devrait-il être à but lucratif ou devrait-il être une entreprise sans but lucratif?
7. Quel mode de financement conviendrait le mieux? Les télédistributeurs devraient-ils absorber une partie des coûts d'un tel service, ou encore les coûts devraient-ils être défrayés en totalité par les abonnés? Devrait-on songer à d'autres solutions comme la publicité, la commandite ou une combinaison de ces formules?
8. Comment le service devrait-il être acheminé? Satellite-câble ou d'autres façons? Avec ou sans la possibilité d'une contribution locale/régionale?
9. La distribution du service devrait-elle être facultative pour les télédistributeurs et obligatoire pour les abonnés? En outre, une fois que la titulaire décide de le distribuer, devrait-il être obligatoire de le faire sur une voie libre du volet du service de base? Cette distribution facultative permettrait-elle la distribution du service sur une base suffisamment large pour garantir sa viabilité?
10. Devrait-il s'agir d'un service unique, ou pourrait-il être combiné à un ou plus d'un service canadien?
De plus, le Conseil serait intéressé à recevoir toute étude ou sondage pertinent concernant la valeur des services de programmation pour les jeunes disponibles dans les différentes régions du Canada, en termes de qualité, de quantité et de genres de programmation offerte.
Les observations doivent être soumises le 6 juillet 1984 au plus tard à Fernand Bélisle, Secrétaire général, C.R.T.C., Ottawa (Ontario), K1A 0N2.
Le Secrétaire général Fernand Bélisle

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